Plan de l'abbatiale par Moyne (1718). Extrait des Dossiers d'Archéologie N°340
La construction de l'abbatiale de Bonmont a suivi de peu celle de Balerne, fondée par les moines de cette dernière. Elle est presque entièrement conservée dans son
état originel hormis les ailes du transept et le chevet qui ont été modifiés. Elle constitue donc une référence incontournable pour espérer une interprétation plausible et probable des zones d'ombre sur
Balerne faute de détails suffisants parvenus jusqu'à nous.
Bien que sa nef comprenne plus de travées que son abbaye mère (6 contre 4 à Balerne), Bonmont eut longtemps la
réputation d'être la soeur jumelle de Balerne. Son abbatiale comporte une nef en berceau munie de 2 collatéraux d'assez faible hauteur. Son portail présente une physionomie très typique des grandes églises romanes
du XIIe siècle dans la région (voir église de Courtefontaine) et également très proche de la vue en élévation dressée par Moyne. Son chevet a par contre subi quelques modifications au cours des siècles
mais le choeur présente un mur ajouré sous la façade muni d'un triplet de baies en plein cintre, la façade du chevet n'étant plus ajourée que par une seule baie postérieure à sa construction. Elle
présente également deux paires de chapelles chacune munie d'une baie, disposées de part et d'autre du chevet, tout comme Balerne. Enfin de solides contreforts stabilisent le massif clocher (analogue en dimensions en plan à
celui de Balerne) à la verticale de la croisée du transept, aux quatre angles et suivant les deux axes principaux de l'église. Le décor sculpté intérieur de Bonmont est par contre particulièrement sommaire
et rustique (absence totale de chapiteaux cisterciens) eu égard à la plupart de ses homologues cisterciennes du XIIe siècle (y compris Buillon qui bien qu'ayant la réputation d'avoir été une abbaye assez pauvre présente
des restes de structure de piliers beaucoup plus élaborés et plus en rapport avec les pratiques architecturales cisterciennes). Notre proposition de restitution présente donc un aménagement de piliers et chapiteaux comparable à
celui de Buillon, ou de Fontenay. L'abbatiale de Balerne semble avoir été achevée au milieu du XIIe siècle, c'est à dire à l'époque du dernier âge roman présentant un style de "transition"
(comme indiqué par Rousset), donc avec une nef et un transept munis de voûtes en berceau mais à arcs brisés. On le constate également à Bonmont, sur les vestiges de Buillon, et dans l'abbatiale de Montbenoit (milieu
XIIe sècle), qui bien que non cistercienne, est contemporaine et d'inspiration romane bourguignone et visiblement influencée par ses voisines relevant de l'architecture cistercienne.