Bien qu'il s'agisse d'un des sites médiévaux jurassiens les mieux étudiés et qu'une grande part de ses secrets ait été levée suite à la campagne de fouilles des années
1990, il nous a semblé que ses caractéristiques si pittoresques et sa beauté sauvage méritaient une nouvelle lecture, une nouvelle interprétation, ou un regard plus amoureux peut-être, au risque d'être plus subjectif.
Nous voici donc à l'orée du XIIIe siècle, alors que l'église du prieuré se présentait dans toute sa plénitude romane et haute bourguignone, munie de bandes lombardes importées
du Saint Empire, qui devaient orner l'abside, les absidioles, à l'instar de Saint Hymetière, sa contemporaine maintes fois remaniée elle aussi. Les couvertures des bâtiments sont en bardeaux de sapin, à l'exception des parties
maçonnées de l'abside et de ses absidioles vraisemblablement protégées par des lauzes.
Quant au clocher, la présence d'une coupole sur trompes supportant une structure octogonale ou carrée
est peu probable du fait de l'épaisseur relativement modeste des murs. Les moyens déployés étant sans doute limités, nous l'avons supposé en bois reposant sur la charpente ou assis sur une voute en plein cintre. Mais
le doute subsiste.
Provincial certes, modeste, mais entrainé par le grand courant de renouveau monastique de la fin du XIe et du XIIe siècle, alors que la région en plein essor se repeuplait, que de
nouveaux colons étaient encouragés à investir de nouvelles terres, le prieuré bien que fagocité par les grands monastères environnants devait avoir fière allure...